Le n’importe quoi est certainement né sous les yeux complices du public. Les artistes et les consommateurs se rangent, sans vergogne, aux côtés de la facilité où la musique, au sens premier, est vidée systématiquement de son contenu et placée sur le terrain de la tendance.
Le dire comme cela, c’est exagérer mais l’histoire l’a bien fait comprendre. Les paroles d’une chanson, c’est sans doute le point de vue exposé de son auteur sur une situation donnée. Dans une société comme la nôtre, il est cruel de chanter la violence et le dénigrement et tout autre terme jugé inconvenant.
T-Vice, groupe musical très populaire, a sorti un album titré « Majestic » sur lequel, parmi tant d’autres, il y a un morceau qui parle aux gens. Dans un pays partagé entre le paraitre et le « kolòn ki bat », ce titre a toute sa place.
Dans le monde méchant qu’est celui de l’école, Jenny, a été, à maintes reprises, victime de la question de classes. Cette dernière qui n’a pas fréquenté les sœurs dit avoir nourri un sentiment d’infériorité.
« C’était toujours lors des sorties ou après les cours en rentrant à la maison. Quand je croisais d’autres élèves (des frères et des sœurs), ils ne cessaient de me rabaisser. Me demandaient si mon établissement scolaire n’était pas le petit démélé réservé aux plus démunis. »
Pour Jenny, 20 ans, la chanson de T-Vice est un soulagement. C’est pour elle que cette dernière a été écrite. D’ailleurs, elle dit travailler tous les jours en vue de prouver qu’un établissement scolaire ne pourrait, en aucun cas, la définir ou prédire son avenir.
Roberto l’a magnifiquement chanté « Se pa lekòl ou etidye a, ki vle di ou kalifye. Se jan w jere l la. »
Quand des artistes se convertissent en conseillers. Quand ils réconfortent et permettent à d’autres d’appréhender la réalité d’une façon plus intelligente, l’on peut dire que ces derniers ont réussi, que la leçon est apprise.
Ces dernières années, nous avons vu defiler, sur la scène musicale, des gens, préablement connus comme comédiens, vendeurs entre autres, en tant que chanteurs. Certains d’entre nous, ont décrié la déchéance tandis que d’autres l’ont embrassée comme une mère embrasse son enfant.
Nous vous présentons la vie d’une fille qui vit dans le manque, qui a connu la misère la plus atroce. Une fille, que de simples mots, ont permis d’avoir confiance en elle, de s’aimer, d’aimer ce qu’elle a afin d’acquérir la motivation nécessaire pour aller de l’avant.
Imaginons un instant, qu’une fille aussi perturbéer, régulièrement à l’écoute d’une chanson qui dénigre, qui incite à la violence.
Jenny ne porte que de vieux habits. Elle dit se sentir à son aise car quelqu’un plus averti a rappelé « Se pa sa w mete a, se jan w mete l la. » Si en 2020, elle avait les bras chargés de complexes, à la sortie de l’album de T-Vice particulièrement grâce à ce beau discours, elle arrive à s’éloigner des complexes qui la perturbaient.
Avec ce morceau, T-Vice a sauvé au milieu des vagues tumultueuses de la question de classes, une fille au bord de la déprime. Ce n’est, certes, pas le premier groupe musical à avoir eu la bonté de présenter un message inspirant. D’autres avant lui l’ont fait et avec lui le font.
« Se pa machin nan, se chofè a. Se pa ‘’ fashion ‘’ nan, se modèl la. Se pa mikwo a, se chantè a. Konsèy sa chaje lò ladann. »
Carlile Perrin
Carlile Perrin Magazine
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