En Haïti, les familles recomposées sont légion. Certaines sont dues à cause d’un décès, d’une relation qui a mal tourné, d’un père (dans la plupart des cas) ou d’une mère qui a fui ses responsabilités. Si l’on s’en tient aux témoignages des participants, on dira sans langues de bois que les dénouements dont fait montre la problématique paraissent hautement discutables.

Une famille recomposée comprend un couple d’adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d’une union précédente de l’un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d’une famille recomposée. (Insee.fr)

La recomposition d’une famille peut avoir plusieurs dénouements selon l’étudiant en Psychanalyse John Kembell Décière. À en croire ses propos, ces dénouements dépendent de l’âge du fils ou de la fille, son éducation et sa conscience des choses. Dans le cadre de cet article, nous avons interviewé plusieurs personnes qui se sont livrées avec la plus grande facilité.


Pour Pierre, 28 ans, pharmacien, il n’y a aucune chance qu’il se mette en couple avec une femme qui a déjà un enfant. Selon lui, les enfants sont irrespectueux, il affirme que ces derniers, trouvent toujours l’occasion de rappeler au beau-père qu’il n’est pas leur (vrai) père. De surcroît, la mère peut aussi construire une sorte de pont entre le beau-père et les enfants surtout pour ce qui a rapport au moment de grandes discussions voire de disputes. Plus loin, Pierre estime qu’une relation qui débute sans enfant a plus de chance d’atterrir.

Caleb de son côté, dit être en mesure de trouver sa place dans une relation avec des enfants toutefois, il croit dur comme fer qu’un enfant est la limite. Avec deux, cela devient compliqué. « Et si la femme ne peut plus en avoir… » a martelé le mécanicien, tout de noir vêtu, les bras lourds de questions.

Jacqueline qui garde une friperie à Pétion-ville (Koloni) abonde plus ou moins dans le même sens, dans son cas, il n’y a aucun problème à cela. Toutefois, la mère de l’enfant ou des enfants « ne doit pas être en vie ». « Manman pitit pa janm kite ak mari yo. » a déclaré l’originaire de Petit-Goâve avec force émotions sous le soleil de midi d’un de ces jeudis mouillés de promesses.

Le groupe de mots « familles recomposées » a sans vergogne suscité l’intérêt de plus d’un, certains disent tout haut ce que d’autres disent tout bas. Pour Magalie, c’est d’abord un choix personnel, personne ne devrait imposer à l’autre un enfant. C’est aussi une décision qui exige mûres réflexions car l’on doit être capable d’aimer le père et les enfants sans condition aucune.

Le psychologue Toussaint Servitère lors de son intervention a précisé que dans certaines cultures quand quelqu’un décide de refaire sa vie, en épousant un/une partenaire qui a déjà des enfants et qui a vécu ses propres expériences amoureuses, les deux personnes trouvent toujours une entente légale.
La problématique dans les familles recomposées surtout en Haïti est que certaines fois, le partenaire refuse de participer aux dépenses liées à l’enfant. Il en est de même pour la femme, elle pourrait ne pas être disposée à se comporter comme une mère pour l’enfant, soutient le professionnel.
Il est à souligner que l’évolution de cette situation dans une famille peut déboucher sur l’individualisme, sur la division même des enfants au sein du foyer, sur le manque de respect vis-à-vis des parents adoptifs voire biologiques. Sur le plan psychologique, tout partenaire qui a déjà vécu une relation amoureuse de manière consciente ou inconsciente cherche les qualités de son ancien partenaire chez le nouveau a indiqué Docteur Servitère.

Ainsi Maryse, qui a été élevée par son beau-père raconte : « C’est le meilleur des pères. Jamais il ne m’a fait sentir indifférente. Il m’a adopté quand j’avais 6 ans et c’était pour moi, le choix le plus judicieux que ma mère eut à faire. Il est devenu avec le temps mon confident. »

Si certains interviewés parlent fièrement des situations qu’ils ont vécues, d’autres croient que refaire sa vie dépend de plusieurs facteurs dont l’âge du fils ou de la fille. Il y a des hommes qui peuvent créer des liens avec les enfants dans le seul objectif d’abuser d’eux. Les parents doivent faire preuve de prudence dans ces cas-là, a souligné celle qui vend des mangues à proximité de l’église Saint Jean Bosco à Pétion-Ville.

Les familles recomposées sont très répandues dans la société haïtienne et traînent souvent derrière elles d’inimaginables sacrifices. Personne ne devrait se sentir limité quand à la décision de revoir sa vie d’homme ou de femme. Il devrait en aucune manière avoir une catégorie pour les personnes qui ont dans leur quotidien, le sourire d’un enfant.

Les indifférences peuvent constituer un véritable danger selon ce qu’a fait savoir le docteur Servitère. Un partenaire de personnalité extravertie a souvent des sautes d’humeur. C’est un colérique. Et si par malheur, des partenaires de même tempérament se rencontrent, c’est le chaos total.

Parfois lorsqu’un parent fait une nouvelle rencontre, il néglige légèrement son fils ou sa fille, ce qui provoque de la jalousie et influence le comportement de l’enfant, a conclu l’étudiant en Psychanalyse, John Kembell Décière.

Dans le cadre de ce travail, ont été interviewés, des jeunes adultes, des adultes seuls, des parents entre autres. Tous à la fin de leur discours, malgré les diverses réponses fournies, disent ne conseiller à quiconque de se mettre en couple avec quelqu’un qui a déjà un enfant/des enfants. Trop d’enjeux et de défis communs à surmonter.
La question que l’on se pose, que doit-on faire des personnes avec un ou plusieurs enfants sur les bras cherchant désespérément (pour certaines) à refaire leur vie ?

Carlile Perrin

Carlile Perrin Magazine

www.carlileperrin.com

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