En Haïti, en 2022, parler de photographie devient monnaie courante. À tous les coins de rue, les photographes pullulent. Certains sont attachés à un service de presse, d’autres travaillent à leur compte. Hommes et femmes n’ont pas d’occasion précise pour se faire prendre en photo. Les photographes ne chôment pas. Être photographe, c’est manger à la table du roi, diraient plus d’un, tenant compte des photographies de jeunes filles et garçons nus qui défilent sous les yeux. Dikens Lundi se démarque un peu du lot et montre la vie haïtienne à travers de belles prises.

CP : Carlile

Originaire de la 1re section Bas Cap Rouge dans le département du Sud-Est, Dikens Lundi a 28 ans et est photographe professionnel depuis 4 ans. Très attaché à la culture de son pays, il a grandi sous le regard protecteur des rues. Aujourd’hui encore, il n’y a rien de changé parce que monsieur aime partir à l’aventure et d’ailleurs c’est ce qu’il l’a poussé à immortaliser ces êtres qui transpirent la force et qui croquent la vie à pleines dents.

Dikens n’est pas à son coup d’essai, il a déjà réalisé quatre expositions. Les unes plus intéressantes que les autres. Toutes dépeignent un sentiment d’appartenance à la culture, la nature, l’agriculture…
Pour ce qui est de la photographie, il y a diverses facettes à explorer, Dikens, lui, a choisi de faire parler les sans-voix à travers sa caméra. Ce n’est, certes, une activité rentable mais l’amoureux de belles choses se donne pour mission d’honorer le travail incommensurable de ces femmes courageuses, porteuses d’espoir, souvent mal vues dans notre société.
Le 11 juin 2022, le Centre Culturel Brésil-Haïti a accueilli la première journée d’exposition d’une dizaine de photos de « Madan Sara » vivant dans les situations difficiles un peu partout en Haïti. La vallée de Jacmel, Cap Rouge, Marigot, Camp-Perrin, Ouanaminthe, Port-Salut, Torbeck, Aquin… sont entre autres les lieux visités dans le cadre de ce projet de grande envergure qui a pris environ 6 mois à son initiateur.

CP : Carlile

« Une personne m’a fait un doigt d’honneur ». L’une des choses les plus énigmatiques, c’est le fait que souvent, les gens refusent de se faire prendre en photo dans leur champ d’activités. Dikens Lundi a été l’objet d’insultes mais a réussi, avec brio, à matérialiser un rêve.

Sur les photos de Dikens Lundi, des marchandes de bananes, de pomme de terre, de carotte, sur leurs visages, la misère, la souffrance, l’envie d’un mieux-être, l’espoir sautent aux yeux. À travers une série sur les « Madan Sara », l’auteur invite les jeunes particulièrement à respecter ces femmes, à les encadrer, à apprécier les sacrifices consentis.

Hommes à projets, oiseaux, reptiles, « Madan Sara » ont déjà été mis en valeur. Maintenant, un tout nouveau projet intitulé « Gaspi », duquel l’auteur se garde de donner plus d’informations, est déjà écrit. Espérant que ce dernier aura le même impact que les autres. J’invite le public, surtout ceux-là qui affectionnent les choses de l’esprit au Centre Culturel Brésil-Haïti sis à Pétion-Ville d’où est exposée jusqu’au 17 juin 2022 une œuvre que même le temps ne pourra tuer.

Carlile Perrin
Carlile Perrin Magazine
www.carlileperrin.com

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